Nos 3 stagiaires de l’été 2025 ont passé leurs oraux avec brio : félicitations à elles, nous sommes fiers de les avoir accueillies et leur souhaitons une belle entrée dans la vie active ! Quels sont les enseignements à tirer des sujets d’étude de cette année ?

L'état de conservation des pelouses calcicoles en  Nouvelle-Aquitaine
Enora Chauvin, Master 2 Biodiversité Ecologie Evolution à l’Université Paris-Saclay et double-diplôme avec AgroParisTech

Les pelouses calcicoles sont des végétations dominées par des plantes herbacées vivaces que l’on trouve préférentiellement sur les coteaux calcaires exposés plein sud et au sol sec et pauvre en nutriments. Elles peuvent être sèches ou très sèches selon la capacité du sol à retenir l’eau. Liés historiquement à l’agropastoralisme, ces milieux sont menacés de disparition à moyen terme en raison de l’abandon du pâturage... Pour cette 3ème campagne de suivis, après celles de 2011-2013 puis 2019, Enora et 7 autres agents du CBN ont parcouru plus de 120 sites pour mesurer les deux principaux facteurs de dégradation de ces milieux : la fermeture par les ligneux et l’enrichissement du sol en nutriments. Les observations et analyses effectuées confirment certaines hypothèses :
  • Les pelouses calcicoles les moins sèches sont marquées par une nette fermeture du milieu : arbres, arbustes et herbacées à faible exposition lumineuse ont fortement progressé, avec en tête la Garance voyageuse (+19% depuis 2013). Parmi les 15 espèces qui ont le plus progressé sur ces pelouses, on trouve également le Prunellier (+10%) et le Genévrier commun (+4%). 
  • Déjà détecté par certains indicateurs en 2019, l’enrichissement du sol en nutriments est aussi confirmé. En effet, certaines espèces inféodées à des sols plus riches, comme le Brome mou, la Centaurée de Debeaux ou la Véronique des champs, enregistrent une progression de l’ordre de +5% en 12 ans. 
  • Les pelouses les plus sèches sont moins exposées à ces processus du fait des sols plus secs et donc plus contraignants pour les espèces des milieux boisés. Elles restent toutefois à surveiller à plus long terme.
Les effets du changement climatique - réchauffement, assèchement, méditerranéisation des communautés végétales - sont encore difficiles à percevoir à ce jour. Ils nécessitent des suivis à plus long terme.


Changement climatique et évolutions de la flore des sous-bois des hêtraies de plaine en Nouvelle-Aquitaine entre 2020 et 2025
Chloë Chateigner, Master 2 « Gestion des habitats et de bassins versants (GHBV) » à l’Université de Rennes

En Nouvelle-Aquitaine, les fonds de vallons exposés au nord et les massifs forestiers anciens sont le lieu de forêts d’exception : les hêtraies de plaine. Les communautés végétales associées aux hêtres y bénéficient de conditions fraîches et humides avec des risques minimes de gelées ou de canicule en sous-bois. L’évapotranspiration des arbres et les effets de relief et d’exposition au soleil expliquent ce microclimat : ils induisent un effet tampon des conditions climatiques mesurées à plus large échelle. 

Le changement climatique en cours modifie-t-il la flore de ces sous-bois ? L’effet tampon de cet habitat est-il suffisant pour préserver ces végétations remarquables ?

D’après les analyses :
  • la composition des communautés végétales est stable sur la période, signe que les forêts étudiées pourraient faire preuve d’une certaine inertie face au changement climatique, phénomène du temps long,
  • la dette climatique, différence entre la température optimale pour la végétation et la température mesurée, est plus faible pour le micro que pour le macroclimat
  • le microclimat participe à la stabilité et à la résistance de la flore de ces sous-bois,
  • la poursuite de ces suivis est indispensable pour mesurer l’impact du changement climatique sur ces forêts patrimoniales et comprendre les interactions entre le microclimat et l’évolution de la flore.
Comme dans bon nombre d’écosystèmes forestiers, la vitalité des arbres - du hêtre ici - est essentielle pour assurer le maintien du microclimat, fragile et exposé au changement climatique global. A dire d’experts, les bryophytes et la fonge - i.e les mousses et champignons - en subissent déjà les effets : leur déclin, dont les analyses devront corréler le lien avec le phénomène, appelle la plus grande vigilance.


Végétal sauvage d'origine sauvage en Nouvelle-Aquitaine : usages et retours d'expérience
Louise Paul, Master 2 Gestion des Ressources Naturelles et de l’Environnement (GREEN) à Bordeaux Sciences Agro 

Connaissez-vous la différence entre un bleuet et un bleuet ? 
Pour favoriser la biodiversité, cette question n’est pas anodine ! En effet, les végétaux à privilégier sont ceux naturellement présents depuis des centaines voire des milliers d’années dans le territoire considéré. Ils ont co-évolué avec la faune et la flore locales et fleuriront par exemple au bon moment pour les pollinisateurs locaux. On les appelle des végétaux sauvages d’origine locale

De quelles manières ces végétaux sont-ils utilisés et valorisés par les professionnels en Nouvelle-Aquitaine ? Quels sont les retours d’expérience de ces projets de végétalisation écologique et comment soutenir cette filière émergente ?

D'après le recensement et les nombreux échanges sur divers projets : 
  • La végétalisation active (plantation ou semis) est privilégiée dans les projets par rapport à l’adaptation de la gestion : cette technique répondrait plus rapidement aux enjeux environnementaux et sociétaux posés ;  
  • La marque Végétal local, garante de l’origine sauvage et locale des végétaux plantés ou semés, est plébiscitée ; 
  • Les pratiques de plantation, semis et gestion adoptées semblent globalement favoriser la diversité des espèces végétales présentes. Un suivi rigoureux de la reprise des végétaux, à prévoir dès la construction du projet, confirmerait ces observations.  
Ces retours d’expérience seront bientôt disponibles sous forme de fiches et d’une cartographie associée. 

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Le stage d’Enora s’inscrit dans le cadre du Programme Natura 2000. Ce dernier bénéficie du soutien financier de la Région Nouvelle-Aquitaine et de la DREAL Nouvelle-Aquitaine. Il est coordonné par le CBN Sud-Atlantique en lien avec le CBN du Massif central et le CBN des Pyrénées et de Midi-Pyrénées. Nous remercions les animateurs du réseau Natura2000 et les partenaires ayant apporté leur contribution.

Le stage de Chloë s’inscrit dans le cadre du volet flore-habitat du programme Sentinelles du climat en Nouvelle-Aquitaine, coordonné par le CBN Sud-Atlantique en lien avec le CBN du Massif central et le CBN des Pyrénées et de Midi-Pyrénées. Il bénéficie du soutien financier de l'Europe (Feder), de la Région Nouvelle-Aquitaine. Le programme Sentinelles du climat a été initié par Cistude Nature.

Le stage de Louise s’inscrit dans le cadre de la feuille de route du Végétal sauvage d’origine locale en Nouvelle-Aquitaine. Sa mise en œuvre est coordonnée par le CBN Sud-Atlantique en collaboration avec le CBN du Massif central et le CBN des Pyrénées et de Midi-Pyrénées, avec le soutien financier de la Région Nouvelle-Aquitaine et de la DREAL Nouvelle-Aquitaine. La promotion de la marque Végétal local reçoit le soutien financier de l’Office français de la biodiversité.